mercredi 1 octobre 2014

Jugé pour avoir transmis le VIH : "J'ai pas menti... J'ai pas dit la vérité, c'est tout"


Accusé d'avoir sciemment transmis le virus et en récidive, l'homme s'est défendu, mercredi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, tout en disant "regretter énormément les actes qu'[il] a commis".



Il est resté les bras croisés, s'exprimant d'une voix hésitante, parfois émue. Christophe Morat, 40 ans, a exprimé des regrets. Des regrets de ne pas avoir agi autrement. Poursuivi pour administration volontaire de substances nuisibles" à plusieurs femmes, ayant entraîné pour l'une d'entre elles "une mutilation ou une infirmité permanente", "avec préméditation et en état de récidive légale", il s'est défendu mercredi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.
"Je regrette énormément les actes que j'ai commis", a-t-il déclaré. Il regrette aussi "de ne pas avoir pris la décision par moi-même d'avoir mis un préservatif" et de ne pas avoir mis au courant ses partenaires par peur du rejet. "Je n'arrive pas à dire les choses".  "Je m'en veux énormément d'avoir contaminé" la jeune femme à qui il a transmis le VIH et qu'il dit aimer et "d'avoir fait prendre le risque" aux autres, avec lesquelles il a eu des relations sans préservatif mais qui n'ont pas été contaminées. En revanche, il nie avoir menti sur les risques qu'encouraient ses partenaires, et notamment celle à qui il a finalement inoculé le virus. "A aucun moment, je lui ai fait croire que je n'étais pas contaminant", assure-t-il. "J'ai pas menti... J'ai pas dit la vérité, c'est tout."  
Un peu plus tôt pourtant, cette comptable de 43 ans a longuement raconté comment elle était tombée "sous l'influence" de l'accusé.  Evoquant leur rencontre en février 2009, alors qu'elle est en pleine séparation, elle a expliqué avoir apprécié "l'écoute" de Christophe Morat.  Elle parle des relations sexuelles composées de "pénétrations vaginales et fellations, toujours sans éjaculation".   Des soupçons sur la fidélité de son partenaire  l'amènent, en novembre de la même année, à taper son nom sur Internet et à découvrir son ancienne condamnation par la cour d'appel de Colmar quatre ans plus tôt pour avoir transmis le VIH.
"Ma vie est finie, j'ai voulu mourir"
"J'ai regardé sur Google, je m'en souviendrai toujours. (...) Je l'ai vu. Il n'a pas nié. Il s'est effondré." "J'ai pas eu le courage de te le dire. J'espère que tu ne vas pas me rejeter", lui répond alors, selon elle, Christophe Morat.   Elle se laisse convaincre car "il parle d'avoir un enfant". Nouveaux rapports sexuels, avec préservatif cette fois, mais il la pousse à arrêter cette protection. "Ça ne sert à rien, je n'éjacule pas en toi, il n'y a pas de risque", lui aurait-il avancé. Elle fait alors un test, qui s'avère négatif. "Tu vois, ça confirme ce que je t'ai dit", argumente-t-il de nouveau, d'après elle. Rassurée, elle accepte les rapports sans protection. "Je l'aime, il m'aime, pourquoi me ferait-il prendre un risque?" dit-elle à la cour.
 
Quelques mois plus tard, prise de violentes nausées et céphalées, elle finit par découvrir sa propre séropositivité.  "Ma vie est finie, j'ai voulu mourir", souffle-t-elle. Elle le confronte: "Tu m'as filé ton virus! Je m'attendais au moins à ce qu'il s'effondre en me disant "c'est pas ce que je voulais", mais rien: un blanc". "Que veux-tu que je te dise?" lui répond-il finalement.
Christophe Morat ajoute qu'il l'"aime toujours", qu'il veut "passer (s)a vie avec" elle. Elle accepte et il s'installe avec elle et sa fille, parfois avec son fils à lui.  En décembre 2011, elle reçoit un appel du commissariat à la suite de la plainte d'une autre femme qui a eu des relations sexuelles avec Christophe Morat et découvert son histoire.  Convoquée, elle finit par tout raconter à l'enquêteur. Mais hésite à porter plainte. "Pourquoi?" lui demande l'avocat de la défense. "J'étais sous son influence. Je me suis dit +si je porte plainte, toute la vie future que j'avais envisagée, je vais la perdre+."   Christophe Morat encourt 30 ans de réclusion criminelle, du fait de l'état de récidive, avec la circonstance aggravante de la préméditation. Verdict jeudi.

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