lundi 22 septembre 2014

A Nancy, l'agression d'une jeune fille se transforme en lynchage en ligne

Quatre jeunes filles ont été placées en garde à vue, ce week-end à Nancy, dans une affaire d’agression filmée et diffusée sur Internet.



Le 10 septembre, une adolescente, accompagnée de trois autres, invective puis frappe une jeune fille atteinte, selon L’Est républicain, d’un léger handicap mental. L’agression est filmée, puis mise en ligne vendredi 19 septembre.
L’auteure présumée de l’agression, mineure, a été mise en examen dimanche,pour violences aggravées en réunion et sur personne vulnérable. Elle a été remise en liberté sous contrôle éducatif et a été présentée à un juge des enfants. Ses complices présumées ont également été libérées, dès samedi.
La vidéo originale, vue plusieurs milliers de fois, a été rapidement retirée. Mais d’autres exemplaires du film sont encore en ligne, circulant sur les forums et lesréseaux sociaux, et certains comptent jusqu’à 180 000 visionnages.

Lynchage en ligne

Cette agression a donné lieu à un vaste mouvement de mobilisation et de violences. De nombreuses pages en soutien à l’adolescente agressée ont également été créées, totalisant près de 200 000 « J’aime ».
Plusieurs dizaines de milliers de tweets ont été postés sur l’affaire en l’espace d’un seul week-end, en faisant un des sujets les plus discutés sur le réseausocial.
Après quelques heures d'enquête, l’identité de l’agresseur présumée a été retrouvée et de nombreuses informations personnelles, dont son nom, son adresse, et son numéro de téléphone, ont été rendues publiques. De fausses pages Facebook et Twitter à son nom ont été créées, où alternent rumeurs, photomontages et insultes à son encontre.
Une jeune Américaine homonyme a même dû expliquer qu’elle n’était pas la personne sur ces vidéos : « Je suis américaine et je ne vis pas en France. On me confond avec quelqu’un qui a le même nom là-bas. »


Le message de la jeune Américaine prise pour cible par erreur.

La police appelle au calme

Face à ce déluge de réactions, la police nationale s’est exprimée sur son compte Facebook. Après avoir demandé d’arrêter de partager la vidéo de l’agression, elle a appelé à cesser la création de ces faux comptes :
« Les enquêteurs ont remarqué la création de faux comptes au nom de l'agresseur sur Facebook etTwitter, celle-ci étant actuellement dans nos locaux, il lui est impossible d'interagir sur les réseaux sociaux. Afin de ne pas compliquer le travail d'enquête des policiers de Nancy, nous appelons à l'apaisement et nous vous remercions pour votre vigilance sur le Web. »

Une pratique régulière sur Internet

Il est vrai que ce genre de traque sur Internet peut très mal se terminer. En 2012, après les attentats du marathon de Boston, des membres du site participatif Reddit s’étaient mis en tête d’en retrouver les auteurs. Ils s’étaient trompés, jetant à la vindicte populaire plusieurs noms et photos qui n’avaient absolument rien à avoir avec ces attaques. Sur le blog de la plateforme, Erik Martin, le directeur général, s'était excusé publiquement pour « la chasse aux sorcières et les dangereuses spéculations ».
Quelques mois plus tôt, les internautes américains s’en étaient pris à la mauvaise personne après la tuerie qui s’était déroulée dans l’école primaire de Sandy Hook. Plusieurs médias avaient pointé vers la page Facebook de Ryan Lanza, alors que l'auteur de ces meurtres était Adam Lanza.
Pourtant, certaines traques peuvent aussi bien se terminer. La semaine dernière, le site local Philly.com rapportait ainsi que grâce à l’aide d’internautes sur Twitter, la police de Philadelphie avait réussi à retrouver les agresseurs d’un couple homosexuel.18

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