C'est un coup de gueule, un cri du cœur relayé par des dizaines de milliers de Musulmans à travers la planète. Lancée il y a dix jours sur Twitter, la campagne #NotInMyName
À l'origine de cette mobilisation, la Fondation «Active Change», basée en Grande-Bretagne, entend exprimer sa «colère» de «voir ces criminels utiliser ces plates-formes pour radicaliser les jeunes et diffuser leur discours violents au nom de l'islam». Dans un petit clip réalisé par l'association et diffusé sur le Net, plusieurs jeunes musulmans se relayent, face caméra, pour dénoncer ces fous d'Allah qui abusent de la religion à des fins terroristes. «Nous devons tous agir ensemble pour empêcher ce groupe de nuire à l'islam et aux musulmans», y insiste une jeune femme voilée de rose. La mobilisation est telle que le hashtag #NotInMyName, repris de Londres à Kaboul, en passant par Le Caire, a déjà été utilisé 80. 000 fois sur la Toile. Ce Mercredi, elle a même fait son entrée à l'Assemblée générale des Nations Unies, où le président américain Barack Obama l'a cité en exemple.
Cette campagne virale a, du coup, ouvert la voie à d'autres initiatives électroniques comme #MuslimApologies. Sous ce nouveau hashtag, des Internautes musulmans regrettent d'être obligés de «s'excuser» en rappelant à l'Occident la distinction entre «islam» et «terrorisme». «Ne vous attendez pas à ce que je vous présente mes excuses à cause de l'État Islamique. C'est moi, en fait, qui mérite des excuses pour vos stéréotypes», insiste une jeune Palestinienne sur son compte Twitter. Choisissant l'humour comme rempart contre les clichés, plusieurs blogueurs s'amusent, eux, à «s'excuser» des joyaux de l'architecture musulmane ou encore des «kebabs», «bakhlavas» et autres mets succulents du monde arabo-musulman.
«Lettre à Baghdadi»
Dans les cercles théologiques, la contre-offensive contre les ravages de lÉtat islamique est également en marche. Une centaine de personnalités religieuses (dont d'éminents cheikhs yéménites et des membres du Conseil des fatwas égyptien) ont ainsi signé une «lettre à Baghdadi» (le chef de l'EI). D'une vingtaine de pages, la missive rappelle, versets du Coran à l'appui, l'interdiction de tuer des journalistes ou des diplomates au nom de l'islam, ou encore de détruire des édifices religieux et de priver les femmes de leurs droits. En parallèle, d'autres initiatives individuelles se relaient. Comme celle du Cheikh Abdallah Ben Bayyah qui, dans une fatwa adressée à l'EI mi-septembre depuis Abu Dhabi, exhorte les musulmans «qui se battent contre leurs propres nations» à retrouver le droit chemin. «Ces gens-là ne vont pas poser leurs armes et faire la paix du jour au lendemain», concède le clerc modéré d'origine mauritanienne dans une interview accordée à la radio américaine NPR. Avant d'ajouter: «Mais à moyen ou long terme, si un nombre suffisant de religieux se mobilisent, (la fatwa) aura un impact». La violence de l'EI est en effet telle qu'elle a encouragé certains cheiks radicaux comme Yousuf al-Qaradawi, chef spirituel des Frères Musulmans, à commencer à s'opposer publiquement à ses «méthodes», bien qu'il «dénonce» simultanément les raids américains.
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