Le virus a pour l'heure contaminé plus de 5 800 personnes en Afrique de l'ouest, et en a tué plus de 2 800.
Au rythme actuel de propagation, le Liberia, déjà le pays le plus touché, devrait compter début novembre près de 10 000 cas, la Guinée autour de 6 000 et la Sierra Leone plus de 5 000, estiment des experts de l’OMS dans une étude publiée par la revue spécialisée New England Journal of Medecine.
«Nous sommes dans une troisième phase de croissance de l’épidémie» qui est «explosive», a déclaré un des co-auteurs de l’étude et directeur de la stratégie à l’OMS, le Dr Christopher Dye, lors d’une conférence de presse à Genève.
L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, la plus grave de l’histoire de cette fièvre hémorragique identifiée en 1976, a tué au moins 2 811 personnes sur 5 864 cas, selon le dernier bilan de l’OMS arrêté au 18 septembre: 1 578 morts au Liberia, 632 en Guinée, 593 en Sierra Leone et 8 au Nigeria.
A contrario, «au Nigeria, où le système de santé est plus solide, le nombre de cas a été limité jusqu’à présent», a expliqué Christl Donnelly, professeur au Imperial College London et co-auteur de l’étude.
CRAINTE D'UNE «RÉALITÉ PERMANENTE»
Selon le Dr Dye, l’épidémie pourrait continuer à faire rage pendant les prochaines années comme elle le fait depuis 10 mois, avec «la crainte qu’Ebola devienne une réalité plus ou moins permanente de la population humaine».
Dans la tourmente, le Liberia appelle la communauté internationale à intensifier ses efforts et met désormais en garde contre une résurgence des guerres civiles qui l’ont ravagé comme la Sierra Leone voisine.
«Le monde ne peut pas attendre que le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée retombent dans le conflit, qui pourrait être le résultat de cette lenteur dans la mobilisation», a affirmé à l’AFP le ministre libérien de l’Information Lewis Brown.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a qualifié le 18 septembre cette épidémie de«menace pour la paix et la sécurité internationales», une première pour une urgence sanitaire.
Une réunion sur Ebola est prévue jeudi à l’Assemblée générale des Nations unies avec le secrétaire général Ban Ki-moon. Selon le ministre libérien, son pays «a besoin de jusqu’à 1 000 lits» dans dix centres de traitement d’Ebola à travers tout le territoire.
«Mais nous n’avons pas la capacité et les ressources pour réaliser cela. C’est ce qui mine la confiance de la population dans cette lutte, et en tant que gouvernement nous ne pouvons pas nous permettre le déclin de la confiance de notre peuple», a-t-il alerté.
La présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf a appelé récemment ses concitoyens à montrer la même «résilience» face au virus que pour sortir de la guerre civile.
PEUR ET DÉSINFORMATION MORTELLES
Elle remerciait aussi son homologue américain Barack Obama d’avoir décidé l’envoi de 3 000 militaires. Plusieurs dizaines sont arrivés la semaine dernière au Liberia pour y installer un commandement militaire américain dans la région, où les Etats-Unis ont promis 1 000 lits supplémentaires.
En Sierra Leone, un infirmier étranger mordu à travers sa combinaison par un enfant malade d’Ebola a été transféré lundi à Genève, selon le gouvernement suisse, qui estime «très faible» le risque de contamination.
«La peur et la désinformation comme le virus peuvent être mortels», a averti de son côté le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Il déplore le meurtre, perpétré la semaine dernière par des villageois hostiles, de huit Guinéens en mission de sensibilisation dans le sud du pays, dont trois employés de médias.
L’étude publiée dans le New England Journal of Medecine retrace la généalogie de cette épidémie: elle confirme que le premier cas était un enfant de deux ans décédé en décembre 2013 à Meliandou, en Guinée forestière, près des frontières libériennes et sierra-léonaises. La véritable cause de sa mort n’avait pas été identifiée à l’époque.
C’est ensuite le 14ème cas de la chaîne de transmission, un soignant de l’hôpital de Gueckédou, principale ville des environs, décédé en février, qui aurait transmis le virus à d’autres provinces de la région.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire