lundi 13 octobre 2014

Divorcés remariés : l'Église catholique prête à donner son feu vert

Pour la première fois de son histoire, l'Eglise catholique s'apprête à donner son feu vert à l'accueil, dans certains cas, de divorcés remariés à la communion eucharistique et à une attitude très ouverte vis-à-vis des personnes
homosexuelles. Ces grandes décisions ne sont pas encore officielles mais elles sont contenues dans le document intermédiaire du synode en cours à Rome sur la famille, publié lundi. Il fixe - comme jamais - noir sur blanc, ces objectifs par ailleurs fortement voulus par le pape. Ces orientations seront, pour la forme, discutées, cette semaine au synode qui s'achève dimanche 19 octobre par la béatification de Paul VI. Puis, dans un an, à l'occasion d'une nouvelle session du synode.

Elles ne seront donc pas techniquement et canoniquement adoptées avant 2016. Mais l'économie générale du texte coupe nettement la route aux cardinaux qui s'opposent au pape sur cette évolution, en disqualifiant leurs arguments et en imposant une direction d'ouverture qui s'éloigne du statu quo voulu par les conservateurs.
Ainsi le document note-t-il: «Il ne s'agit pas de décisions prises, ni de perspectives faciles. Cependant, le chemin collégial des évêques et la participation du peuple de Dieu tout entier, sous l'action du Saint-Esprit, pourront nous guider vers des voies de vérité et de miséricorde pour tous.»
Le texte publié sous la responsabilité du cardinal Peter Erdö, archevêque de Budapest, rapporteur général du synode prévient d'ailleurs qu'une «conversion missionnaire est requise» pour l'Eglise catholique car «il ne faut pas se limiter à une annonce purement théorique et détachée des problèmes des personnes».

Reconnaissance des «unions de fait»

À côté de deux nouveautés concernant la perspective de communion pour les divorcés remariés et l'accueil des homosexuels, le document appelle à la nécessité d'aboutir à la simplification des procédures d'annulation de mariage et à la reconnaissance des «unions de faits» que vivent l'immense majorité des jeunes couples qui se présentent pour le mariage religieux.
Sur la question de la communion des divorcés remariés donc, le texte donne cette ligne déjà connue dans l'Église: «Les situations des personnes divorcées remariées exigent aussi un discernement attentif et un accompagnement empreint de respect, évitant tout langage ou attitude qui les feraient sentir discriminées».
Puis il donne l'état du débat synodal: «Quant à la possibilité d'accéder aux sacrements de la Pénitence et de l'Eucharistie, certains ont argumenté en faveur de la discipline actuelle en vertu de son fondement théologique, d'autres se sont exprimés en faveur d'une plus grande ouverture à des conditions bien précises, quand il s'agit de situations qui ne peuvent pas être dissoutes sans entraîner de nouvelles injustices et souffrances.»
Mais il n'avance qu'une seule piste de travail: «Pour certains, il faudrait que l'éventuel accès aux sacrements soit précédé d'un chemin pénitentiel - sous la responsabilité de l'évêque diocésain -, et avec un engagement évident en faveur des enfants. Il s'agirait d'une situation non généralisée, fruit d'un discernement réalisé au cas pas cas, suivant une règle de gradualité, qui tienne compte de la distinction entre état de péché, état de grâce et circonstances atténuantes.»
Et ajoute cet autre argument: «Suggérer de se limiter uniquement à la “communion spirituelle” [ce que pratique actuellement des divorcés remariés qui participent à la messe sans communier, ndrl.] pour un nombre non négligeable de Pères synodaux pose des questions: si la communion spirituelle est possible, pourquoi ne pas pouvoir accéder à celle sacramentelle?» Un «approfondissement théologique a été donc sollicité», corrige le texte, mais la direction de la réflexion est clairement lancée.


En ce qui concerne l'accueil des personnes homosexuelles, le document dit non au mariage homosexuel: «L'Église affirme que les unions entre des personnes du même sexe ne peuvent pas être assimilées au mariage entre un homme et une femme». Mais il entend renouveler l'attitude de l'Eglise en posant ces deux questions: «Les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne: sommes-nous en mesure d'accueillir ces personnes en leur garantissant un espace de fraternité dans nos communautés? Souvent elles souhaitent rencontrer une Église qui soit une maison accueillante. Nos communautés peuvent-elles l'être en acceptant et en évaluant leur orientation sexuelle, sans compromettre la doctrine catholique sur la famille et le mariage?»
Et le document exprime, comme jamais dans l'Eglise, une quasi reconnaissance de fait de ces unions: «Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles, on prend acte qu'il existe des cas où le soutien réciproque jusqu'au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires.» Et insiste sur l'attention à porter aux enfants des couples homosexuels: «l'Église prête une attention spéciales aux enfants qui vivent avec des couples du même sexe, en insistant que les exigences et les droits des petits doivent toujours être au premier rang».

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