Pour la première fois, des raids ont visé des positions du groupe terroriste, notamment dans leur fief de Raqqa et à la frontière entre l'Irak et la Syrie. Damas aurait été informé de ces frappes, réalisées avec avec d'autres pays arabes.
L'armée américaine et des «partenaires» ont mené pour la première fois, tôt mardi matin, des raids contre des positions du groupe État islamique en Syrie, a annoncé le Pentagone. «Je peux confirmer que l'armée américaine et des forces de nations partenaires mènent une action militaire contre les terroristes de l'EI (État islamique) en Syrie au moyen d'avions de chasse, de bombardiers et de missiles Tomahawk», indique le porte-parole du Pentagone. Il ne précise pas où les frappes ont eu lieu mais, selon le New York Times , Raqqa, qui est de facto le centre du pouvoir de l'EI, a été visé de même que la frontière, très poreuse, entre la Syrie et l'Irak. Damas, qui affirme avoir été informé par Washington de ces frappes, a assuré soutenir «tout effort international pour combattre le terrorisme (comme) celui de Daech et celui d'al-Nosra, tout en insistant sur le respect de la souveraineté nationale et conformément aux lois internationales».
Un officiel américain indique que ces frappes visaient notamment des caches de munition. Des bâtiments utilisés comme bureaux par l'EI, des points de contrôle dans et en dehors de Raqqa, auraient aussi été pris pour cible. Plus de 20 combattants ont péri, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Un membre de l'administration américaine indique de son côté que l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie et Bahreïn y ont participé. Le Qatar y a également contribué en apportant un soutien.
Les frappes ont également visé le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda classée comme organisation «terroriste» par Washington, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Selon l'ONG, «au moins 30 combattants d'Al-Qaïda, en majorité des étrangers, et huit civils, dont une femme et trois enfants, ont été tués dans les frappes qui ont visé l'ouest de la province septentrionale d'Alep».
La Jordanie a participé
«La décision de lancer ces frappes a été prise plus tôt dans la journée par le commandant de la région militaire centre (CENTCOM, chargé des opérations dans cette région, NDLR) en vertu de l'autorisation qui lui a été donnée par le commandant en chef (Barack Obama, NDLR)», souligne le Pentagone. Barack Obama avait prévenu le 10 septembre, dans un discours solennel, qu'il se réservait le droit de frapper l'État islamique y compris dans son sanctuaire syrien. Depuis lors, le président et son secrétaire d'État, John Kerry, ont œuvré pour monter une coalition la plus internationale et la plus légitime possible. Le gouvernement syrien a déclaré mardi avoir reçu une lettre du secrétaire de John Kerry «quelques heures avant le début des raids», relayée par le chef de la diplomatie irakienne, informant des frappes que les États-Unis et leurs alliés arabes comptaient lancer contre des positions du groupe EI en territoire syrien.
Plusieurs dizaines de pays ont offert de participer d'une manière ou d'une autre au combat contre l'EI, y compris une dizaine de pays arabes. La Jordanie a confirmé mardi sa participation aux frappes. «Nous avons participé à ces frappes qui font partie des efforts pour vaincre le terrorisme dans ses bases», a déclaré un porte-parole du gouvernement jordanien. La France a quant à elle bombardé des positions de l'EI en Irak la semaine dernière.
Bombardements quotidiens
Les nombreuses exactions commises par l'EI en Syrie et en Irak, y compris la décapitation de deux journalistes américains et d'un travailleur humanitaire britannique ont indigné l'opinion publique. Les milliers de recrues dotées d'un passeport occidental font craindre qu'à leur retour ces combattants aguerris et endoctrinés ne commettent des attentats dans leur pays d'origine en Europe ou aux Etats-Unis.
Les troupes de l'organisation font l'objet de bombardements quotidiens par l'armée américaine en Irak depuis le 8 août. Grâce à ces frappes, les forces irakiennes et kurdes ont pu reprendre pied et reconquérir plusieurs endroits stratégiques mais sans être en mesure de prendre totalement le dessus.
Pour autant, le président Obama ne souhaite pas engager toute la puissance militaire américaine. Il a exclu d'envoyer des troupes de combats au sol - en évitant soigneusement d'évoquer les membres des forces spéciales qui guident souvent les frappes - et il estime que le combat ne pourra être gagné contre l'EI qu'avec l'aide des rebelles syriens modérés ainsi que de l'armée irakienne et des Kurdes. La semaine dernière, le congrès américain a autorisé le président à armer et entraîner les rebelles syriens modérés.
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