Le premier patient à avoir développé des symptômes d'Ebola aux Etats-Unis a été placé à l'isolement au Texas Health Presbyterian Hospital le 28 septembre 2014. «Mais ce n'était pas son premier voyage à l'hôpital», comme le révèle The Atlantic.
«Pendant sa première visite, Duncan a dit à l'infirmière avoir récemment voyagé en Afrique de l'Ouest - un drapeau rouge qui aurait dû pousser l'équipe hospitalière à se démener pour voir si [ce patient] était porteur du virus Ebola, à en croire le CDC. Au lieu de cela, cette information critique sur son voyage a été perdu dans l'ensemble des médecins et infirmières qui se sont occupés de lui ce jour là.»
Et l'erreur n'est pas humaine. Ou du moins, pas complètement: elle est amputable au mode de fonctionnement du logiciel dont se sert le personnel hospitalier aux Etats-Unis, le «electronic health records (EHR)» (ou dossier médical numérique). L'établissement l'a d'ailleurs très vite reconnu, déclarant publiquement:
«Nous avons identifié une faille dans la façon dont les médecins et les infirmiers ont intéragi sur notre EHR pour ce cas spécifique.»
Et de préciser, comme le rapporte NBC, que ces deux corps de métier travaillent en réalité sur deux espaces de travail différents:
«L'information sur l'historique du voyage [du patient] était stocké sur l'espace de travail infirmier de l'EHR [...]. Conçu de la sorte, cet historique n'a pas pu apparaître automatiquement sur l'espace de travail des médecins.»
Un incident qui montre l'importance cruciale des logiciels médicaux dans le système hospitalier actuel, utilisés, à en croire le journaliste de The Atlantic, «par près de la moitié des médecins», incités à préférer un support numérique au papier par le gouvernement fédéral.
Le problème est que ces logiciels ne sont pas toujours bien conçus, «ils sont souvent peu clairs et plein de bugs» poursuit le journaliste, qui s'était également penché début 2014 sur la réticence du personnel médical lui-même à se mettre au numérique.
Sur CNBC, Jonathan Bush, à la tête d'une société visant précisément à vendre au secteur hospitalier des logiciels médicaux, se montre sévère:
«C'est juste un exemple poignant qui nous rappelle à quel point le système de santé est déconnecté. C'est un secteur resté à l'âge de pierre, parce que très conservateur.»
Comme le note néanmoins Bloomberg Business Week, «il est impossible de savoir si oui ou non cette même erreur se serait produite dans un hôpital utilisant des notes papier». La communication est avant tout au coeur du problème, comme le note le site. Ainsi que la prise en compte de la nécessité de ne pas considérer les logiciels de santé comme un gadget ou une simple couche administrative pénible supplémentaire.
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